burwell's cousins ★ « i can say i'm sorry forever.. »

Je suis une vieille peau. Du moins, j’en ai l’impression. J’sais pas ça fais combien de temps que je suis écrasée devant la télévision, qu’on a réussit à placer dans un coin de notre chambre, à regarder des vieux épisodes de Smallville, mais je semble pas m’en tanner pour autant. De toute façon, qui se tannerait réellement de la vue de Tom Welling torse nu dans chacun des épisodes ou presque? Dans tous les cas moi, j’adore. C’est à peine si j’entends Raphaëlle revenir de je-ne-sais-où en fin d’après-midi. Elle passe devant moi, me saluant vaguement sans même que je ne prenne la peine de lui répondre tout simplement parce que je suis trop concentrée par l’écran qu’il y a devant moi. Elle ne semble pas s’en formaliser que déjà, elle s’éclipse dans la salle de bain pour une durée indéterminée, je prends même pas la peine de compter. Avec elle, ça peut prendre des heures et des heures, quoique je suis pas réellement mieux quand on y pense comme il faut. Après un certain moment, un ou deux épisodes de Smallville je dirais même, la blonde finit par sortir de la salle de bain et elle passe devant moi avant de me faire un bisou sur la tête, signe qu’elle s’en va aussi vite qu’elle est apparue. « J’file du côté des garçons voir Jonah. Ne m’attend pas. » Je sais pertinemment ce que ça veut dire et c’est en étirant un sourire que je décolle finalement mes rétines de l’image sur l’écran devant moi. Je remarque qu’elle s’est pas mal sexy la petite blonde et c’est avec un rire que je laisse un « Sans condom c’est non » plané dans notre chambre alors qu’elle ne se retourne même pas lors de mon commentaire idiot. La porte s’ouvre et c’est à ce moment que j’entends finalement un « T’es trop conne » qui me sonne très familier dans l’oreille alors que Raphaëlle disparait de mon champ de vision.

Je me retourne une nouvelle fois vers la télévision, mais soudainement l’émission me semble moins intéressante. J’réalise finalement que parti comme c’est là, j’vais passer la soirée toute seule et j’ai même pas envie de sortir en boîte ce soir. J’aurais le goût de rester coucher ici, mais avec quelqu’un. C’est probablement dans ce temps-là qu’un petit-ami ou une meilleure amie sont utiles. Sauf que le copain n’aurait clairement pas d’autre utilité dans ma vie actuelle et la meilleure amie est partie se taper le mec avec lequel elle a la relation la plus débile qui soit. Et puis une autre personne me vient automatiquement en tête. Spencer. Ma cousine, ma soeur, ma moitié. J’soupire en repensant qu’entre elle et moi c’est toujours plus ou moins arranger. Comme si l’on vacillait continuellement depuis notre réconciliation entre le chaud et le froid. Une fois sur deux, j’hésite sur comment je dois agir avec elle. Mais elle me manque, bon dieu qu’elle me manque. C’est la fille avec qui j’ai grandit, celle qui m’a aidé à survivre après la mort de mes parents, c’est probablement celle qui me connait le mieux avec Raph. Et je déteste ne pas savoir qu’elle n’a toujours pas confiance en moi. Ce soir, c’est avec elle que je veux passer la soirée. J’ai envie de revivre l’un de moments d’enfance, de lui montrer qu’elle et moi, ça peut redevenir comme avant, que l’on a pas besoin de se détester, de se battre et de se chicaner pour quelque chose qui certes était blessant pour elle, mais qui d’un autre ne voulait rien dire. J’avais envie de revivre l’une de ses soirées pyjamas qui était bien notre. Faire nos cheveux devant pleins de films plus quétaines les uns que les autres, parler garçons et potins, redevenir une adolescente pré pubère le temps d’une soirée, il me semble que c’est ce dont nous avons besoin.

Citation :

« S. Rejoins-moi dans mon dortoir avec le plus vieux pyjama que tu peux trouver et des cochonneries en masse. On retombe en adolescence. Je t’aime, R. »

Je fermais le téléviseur, fouillant dans mes tiroirs si je ne pouvais pas trouver l’un de ses vieux pyjamas que je portais justement lorsque l’on faisait ce genre de soirée. C’est après quelques minutes de recherche dans le plus profond de mes tiroirs que je trouve finalement le gros lot. Un bas rose nanane avec une camisole noir qui a probablement plus de cinq ans d’existence. J’espère seulement qu’elle me fait encore. Je me précipite dans la salle de bain et enfile mon nouveau trésor, ravi de constater qu’il me fait encore et que je n’ai pas l’air aussi moche que je m’y attendais. Je sors finalement de la chambre pour me rendre à une petite cuisine commune pour l’étage où je fais sauter deux sacs de popcorn que j’avais acheté la semaine passé, persuadée que ça finirait par servir bientôt. J’espère qu’elle pensera à amené des chips et de la liqueur, car elle sait combien j’aime ça durant ce genre de soirée. Retournant dans ma chambre, je sors tout ce qui peut nous être utile pour la nuit qui nous attend; mon kit de manucure, des accessoires de coiffures, une dizaines de films - autant des nouveautés que des trucs préhistorique, ou presque - les popcorns que je viens de préparer et des magasines « People » pour notre bonheur d’insulter ses stars qui nous plait pas et de fantasmer sur les beaux mecs qui posent torse nu ou qui sont pris en photo sur la plage, sans qu’ils ne s’en rendent compte. Maintenant, il ne manque plus que l’ingrédient principal pour une soirée de rêve entre cousines, Spencer..

RYAN&SPENCER All the right friends in all the wrong places So yeah, we're going down..

Trente deux minutes. Trente deux longues et interminables minutes à fixer une feuille de papier, pétrifiée par ce manque flagrant de logique et de raisonnement. Je n'avais pas l'habitude de laisser un problème de mathématiques me ridiculiser ainsi, mais là, c'en était trop. Cet exercice était insoluble, sans doute tout droit sorti de l'esprit mal tourné de M. Stanfield, professeur de math et persécuteur du corps étudiant, afin de nous décourager dès le début de l'année. Oui, c'était ça et non pas dû à une absence de neurones de ma part. Quoi qu'il en soit, cet endroit commençait à affecter sérieusement mon moral. La bibliothèque était déserte, à l'exception de moi et de son employée, bien évidemment, et une ambiance, lourde et ennuyeuse planait entre ses murs. J'avais perdu mon après-midi à calculer ce que x valait quand y possédait telle valeur et on pouvait déjà apercevoir le soleil se coucher, teintant au passage le ciel de différentes couleurs. Étrangement, je me laissai absorber par le paysage qui m'était tant familier, oublieuse du reste. J'admirai les particules de poussières voleter à travers le faisceau de lumière - il était grand temps que je quitte cette salle - lorsque mon portable vibra. Un nouveau message.

« S. Rejoins-moi dans mon dortoir avec le plus vieux pyjama que tu peux trouver et des cochonneries en masse. On retombe en adolescence. Je t’aime, R. »

Enthousiaste à l'idée de passer une soirée avec Ryan, j'affichai un immense sourire, avant de me renfrogner. Durant une fraction de seconde, j'avais vu cette pyjama party d'un bon oeil, me remémorent ce qui avait jadis été mes meilleurs souvenirs. *soupir las*. Les choses n'étaient plus comme avant cependant et je me devais de ne pas l'oublier. Il est rare que j'accorde mon pardon facilement et il avait fallu de longs mois avant que je daigne lui adresser la parole à nouveau. Mais Ryan n'était pas n'importe qui, c'était ma soeur, ou du moins, celle que j'aurai souhaité avoir. La personne en qui j'avais le plus confiance, celle à qui j'aurai confié ma vie si ç'avait été nécessaire. Maintenant, je me retrouvai sans repère, ni rien à quoi m'accrocher. Comment avoir confiance en des gens qui vous ont tant déçus ? J'étais très partagée sur l'idée, ce qui me causait d'énormes problèmes. J'avais pardonnée à Ryan, mais une partie de moi, aussi infime soit-elle, lui en voudrait toujours. Elle avait d'innombrables efforts pour se racheter, cette soirée n'étant qu'un vague exemple de toutes ses tentatives précédentes. J'étais déchirée entre le passé et le présent, incertaine du futur. Je me levai, attrapai mes affaires lâchement et sortit de la bibliothèque, heureuse de quitter ces murs.

***

Toc. Toc. Toc. Trois coups discrets portés à la porte. J'aurai bien ouvert la porte par moi-même, comme à mon agaçante habitude, mais comme mes bras, aussi frêles soient-ils, étaient encombrés de croustilles et de friandises, j'étais dans l'incapacibilité de tourner la poignée sans tout renverser. J'ignorai toujours si j'avais pris la bonne décision en venant ici, bien que je l'espérais fortement - pas question de m'être balader dans les couloirs habillée d'un accoutrement.. indescriptible pour passer une mauvaise soirée. Car oui, comme me l'avait suggérer Ryan, j'avais dégoter ce vieux pyjama, tâché à maintes endroits. La couleur violette de ce dernier était délavé, fier survivant de multiples lavages. J'avais même repéré un ou deux trous au niveau des genoux. Franchement, cet ensemble mauve en velours ne m'avantageait en aucune manière et ma cousine avait intérêt à avoir planifier une soirée agréable..

« Seigneur ! J'ai cru que tu ne m'ouvrirai jamais ! » dis-je en lui fourrant la moitié de mes paquets dans les bras.

J'entrai familièrement, refermant la porte derrière moi. Cette fois-ci, elle avait mis le paquet ! Des revues à potins traînassait ci et là, une alléchante odeur de maïs soufflé planait dans l'air et je remarquai également une pile de DVD, certains à la pochette plus abîmés. Peut-être, et je dis bien peut-être, que cette soirée pourrait enfin réussir à renouer des liens auparavant brisés..